CAFE DE LA FONTAINE

Café de la Fontaine restaurant Maussane-les-Alpilles – Nouvelle direction avec armée de serveurs-euses qui accueillent en chœur: « booonjouuur mâdaaame-môsieuuuur ». Ça renifle la codification et l’ISO 9002. On se croirait dans ces franchises à bouffe pilotées par la robotique. Pour pondérer ma sévérité, mieux vaut ça que le contraire. Après les embrassades de l’accueil tonitruant, avec Mauricette on avance jusqu’au fond, un très bel établissement dans un esprit de brasserie parisienne.

Lecture de la carte, la rhétorique s’emballe: « cuisiné sur place » « produits frais » « desserts maison » « maitre pâtissier »… On va se régaler. Entrée avec de la tapenade à 9€ (?), un « Mont d’Or comme une fondue » à 22€… Des salades qui frôlent les 20€, des viandes dont un magret à 23€. La carte ramassée se veut rassurante. Tiens? Hamburger du jour 20€ et parfois même à 25€ de ce que je sais! Ben dis-donc. J’ai visé souris d’agneau à l’anis étoilé (badiane) pommes de terre rôties. Arrivée en 3 minutes. Un miracle de la modernité. Etait-elle tenue au chaud? Micro-ondes? Viande confite dodue et sèche aux entournures, comme du confit de canard, intégralement détachée de l’os. La purée de tomate travaillée est trop sucrée, fait son boulot de parfumeuse. Pour « pommes de terre rôties », des patates à l’eau avec peau coupées en deux, durailles. 9/20 pour 21€, ce qui n’est pas rien. Plat qui s’avère fort indigeste, on ne le sait qu’en milieu d’après-midi. Et la dame au chapeau vert? Elle s’est faite avoir (elle aussi) avec son ragout d’agneau, pommes de terre rôties. Même chargé en fond de veau, seul le jus gras vaut qu’on y trempe le doigt. Collier déchiqueté laqué par la sauce, quelques cosmétiques bout de carottes vapeur et d’autres bricoles ajoutées en fin de dressage comme des boules sur un sapin de Noël. Mêmes patates que ma pomme, les rôties qui n’en sont pas. Chez Dédé le Routier, on accepterait 11,50€. Ici faudra dégainer les biftons du crapaud à hauteur du double, soit 23€. Pour 11/20. Et puis 6 desserts à 7,5€: ceux du « maitre pâtissier » annoncé. Le Pavlova agrumes: mandarine, citron vert. Si on ne vous le dit pas, on ne peut pas savoir qu’il s’agit de la fameuse spécialité à base de meringue: pas de meringue! Ou alors peut-être dans la coque molle du dessert décongelé crépie de râpures d’une incongrue noix de coco. Dedans, un pâté pathétique, surchargé en sucre, de la gélatine orange acide. Chantilly basse qualité en bouteille à côté, conjoint solidaire en médiocrité. 4/20! Ce qui pour un dessert de « maitre pâtissier » est un record mondial.

Confit dans ses obligations impersonnelles, le service vient par 3 fois nous déranger « pour savoir si tout va bien » en nous coupant systématiquement la parole, tandis qu’avec Mauricette nous dissertions sur la spectroscopie tunnel à très basse température de graphène sur rhénium supraconducteur. Bref! Les limites d’une mécanique de salle automatisée sans humanité, sans discernement. D’autant que lorsque sont récupérées les assiettes encore remplies, ça ne choque personne. Ils ont l’habitude. Au moment de payer on vous redemande encore si « ça a été » sans entendre la réponse. J’ai ânonné une banalité, qu’on allait aux « Carrières des Lumières »… Approximatif, pénible, crâneur, et infiniment trop cher pour ce que c’est.