JOAO’S

Joao’s restaurant Toulon – Pari culotté! Rendre glamour la cuisine portugaise, un peu comme les italiens ont su la rendre sexy en décorant leurs restaurants comme un sapin de Noël, avec des produits de là-bas dis en rayon, jolis éclairages, recoins malins et flacons sur le pont. Grâce au formidable responsable de salle, on s’y croirait, il nous embarque, ce type est aussi doué qu’une hôtesse de l’air qui vous dit « pouvez-vous attacher votre ceinture s’il vous plait? »

Bref! Un tas d’entrées dès 7€, des salades à 19€, des hamburgers à 16€, et une quinzaine de plats de 16€ à 180€ si vous voulez emporter chez vous un cochon de lait entier. Je vous dis: concept très malin, finaud: on mange ici avec les doigts… ou avec le petit doigt en l’air suivant les plats! Comme le concept est calibré le monde afflue dans la boutique, et de tous âges. En me tendant la carte, le serveur me propose le plat du jour: morue sautée à l’huile d’olive et à l’ail, pommes de terre. « Bacalhau salteado em azeite e alho, batata » dans la langue de Fernando Pessoa. Je saute sur l’occasion, elle m’évite d’avoir à piocher parmi le choix important de propositions. Et puis la morue est un produit emblématique de cette cuisine. M’arrive une fort jolie assiette, bien dressée et haute en couleurs grâce au vert des grandes feuilles de basilic frais, de l’orange d’une gamba fière d’être ici, de tomates cerises décoratives et d’une rondelle de citron vert qui ne sert à rien sinon à faire joli. Pour le reste, un tronçon de morue dessalée avec les arêtes qui vont avec, et de la peau. Chair plus souple que de coutume, toujours trop salée à boulotter et à la fin t’en as tellement entre les dents que tu manges deux fois. Fond d’assiette huileux (je m’y attendais), gamba non décortiquée et desséchée d’avoir attendu son heure au bord du grill. 12/20 pour du copieux peu fin et bien mis en scène. Quand j’ai appris le tarif du plat du jour, j’ai pensé à voler la salière mais ça ne se fait pas: 26€. Un coup de M16 dans le crapaud. Je me suis levé, suis allé payer au comptoir et me suis barré vite fait.

Plus tard en relisant la carte des plats en écrivant ça, j’observe un plat très similaire au mien. Il est vendu 24€, soit deux euros de moins que mon plat du jour. La pêche de la morue en mer est un métier difficile, c’est vrai. Mais ça me gonfle d’avoir potentiellement à financer le « service » UberEats à hauteur de 30% du tarif du plat, au cas où vous l’ignoreriez. 30% trop cher, c’est très exactement le cas pour mon plat du jour. Dommage, le service est parfait.