L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°49 Fév 2004

… NE FAIT PAS LE BONHEUR DES AUTRES !

A court d’argument lorsqu’on pose la question à un chef qui a oublié de saler pendant la cuisson un plat devenu immangeable pour un être normal, non grabatataire hypocondriaque en plein sévice d’un régime sans sel pour préserver ses artères, il répond invariablement comme une parade bien rôdée :  » C’est pour mes petits vieux qui me réclament le moins de sel possible! » Ce qui veut dire en clair que nous, du même coup, on mange « petits vieux ». Mauricette toujours en hurlan t:  » Mais nous, on est des gros vieux et on veut manger normalement ! » Les chefs en question répondent invariablement qu’on peut toujours saler. « Apprenez mon saigneur des saveurs qu’un plat ne ne se finit pas dans l’assiette, surtout une salaison », répond invariablement la tante, qui, il faut bien l’avouer, touche sa bille question fumet. Bien dès fois, je pourrais même lui décerner trois chandeliers et demi lorsqu’elle se met en tête de mijoter ! Et puis elle s’énerve comme un ressort qu’on relâcherait d’un coup sec après l’avoir comprimé !  » Faut l’indiquer sur vos menus à l’extérieur que vous faites une cuisine pour petits vieux, ça éviterait chocs et déceptions! »  » Et si les petits vieux ne peuvent manger normalement, s’ils veulent manger comme à la maison, c’est pas une raison pour imposer leur régime sec à tout le monde! » L’intolérance de la tante refait vite surface car la faute en incombe essentiellement au maître d’oeuvre. Il n’a pas à subir les influences des uns ou des autres, il a simplement à respecter les règles culinaires de base et son propre style. Chacun est libre de ne pas apprécier mais le client n’a rien à imposer. Il n’est pas roi dans tous les domaines.

Paul Bianco