L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°50 Jan 2004

CITYVOX MARSEILLE nous prépare : LE MEILLEUR DES MONDES

Un petit nouveau dans la foire aux guides. Le voici, le voilà. Pourquoi pas : plus on est de fous, plus on rit ! Déclinaison marseillaise en papier du site oueb éponyme. Bien propre, tout joli. Bien élevé, aussi. Sûrement même, vu le pedigree des cadres de la boutique. Qui n’ont d’ailleurs pas pu résister à fourguer leurs trombines sur leur site internet. Un condensé d’écoles de commerce, d’ingénierie marketing et…d’as de la finance. Une société au capital de 749 036 ?, s’cusez du peu : ça fleure bon la « start-up » ! Mais passons. Ce qui est incroyable et que je ne comprends pas : ces gens-là et leurs collaborateurs ne tombent jamais sur des mauvais restos. Jamais. Ils sont forts. Très forts. Faudrait qu’on sache, nous autres. Ça nous donnerait un sacré coup de main dans not’ boulot. Doivent sentir le coup fourré, l’entourloupe, le traquenard. Balèze. Du coup, tous les établissements visités sont bons. Sans exception. Un guide de plus qui nous présente son  » meilleur des mondes » ! Quelle crédibilité ! Comme le ton est aussi révolutionnaire qu’un formulaire de la Caisse d’Epargne, alors faut meubler. Un peu comme un appartement vide tout juste emménagé, qui résonne creux. On badigeonne avec un soupçon de « commentaires » les tables photographiées. Propos sans sel, ni poivre, ni rien. Du mou, du plat. Surtout, ne pas donner d’avis sur ce qu’on ignore. C’est d’ailleurs mieux comme ça. Quelques notes alibi, toujours bonnes. Sinon ça pourrait nous fâcher avec les restaurateurs. Vaut mieux faire copain-copain avec les commerçants. Et le lecteur qui ne croit plus en rien dans tout ce qu’il lit dans les journaux, écoute à la radio, ou voit à la télé ? On s’en tape, du lecteur ! Un guide, c’est fait pour les annonceurs ! Un peu de cohérence, toutefois. Comme le dit dans son édito Bertrand Bigay « Président Fondateur » : « cette sélection variée d’adresses est bâtie non pas sur l’avis tranché d’une rédaction visitant une fois l’an un établissement, mais sur les nombreux commentaires rapportés, tous les jours, par nos CityReporters ». Euhhh…on se sent visé ! Car le BàO que vous avez entre les mains, là, est le seul guide à tester chaque année ses restaurants référencés. Et le seul a avoir un avis tranché, oui, sur certaines prestations culinaires qui ne laissent place qu’à bien peu de doutes ! On peut prendre position dans ce cas, non ? Hé ho ! M’sieur Bigay ! Détournez pas la conversation : comment vous faites pour tomber exclusivement sur des bons restos ? Hein ? Sûr que ça intéresse les gens normaux, qui dans la vraie vie tombent régulièrement sur des mauvais !

Olivier Gros