L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°42 Avr 2002

L’industrie se partage le fromage :

FETA MADE IN DANEMARK, MOZZARELLA MADE IN ALLEMAGNE

L’amateur de fromage a du pain sur la planche, c’est pas nouveau. Et aussi de quoi en perdre son latin. Depuis déjà un bon moment, l’industrie agro-alimentaire et sa cour d’as du marketing « font les poches » des « terroirs ». Qui ignoraient probablement s’appeler comme ça jusqu’alors, mais passons. Puisque la mode c’est donc « le terroir » mon copain, on va t’en fourguer. Ainsi, on remarque dans les linéaires de grandes surfaces et depuis un bon moment, des ersatz de spécialités de fromage comme la « fêta », d’origine grecque et la « mozzarella », d’origine italienne… à l’origine ! Et oui ! Car maintenant elles sont fabriquées en Allemagne ou au Danemark qui, tenez-vous bien pour ce dernier, se trouve être le 1er producteur de fêta. Incroyable ! Le pâturage, le lait, la fabrication, la forme, l’affinage bref, l’alchimie du terroir, moi industriel de l’agro-alimentaire, je m’en tape ! Le lait de vache est moins cher que le lait de brebis ? Pas de problèmes ! Moi, fabricant peu scrupuleux sauf à la gestion de mes bénéfices, je fais de la fêta pas chère avec du lait de vache ! Hé hé ! Je surfe sur la législation ! Des fois même, c’est moi qui la crée ! De toutes façons, le consommateur y comprend rien ! J’le sais, j’lui vend ! Et qui s’plaigne pas : c’est pas cher ! Bref, j’ignore l’état de la loi sur le sujet, je ne demande d’ailleurs qu’à m’instruire. Quand même : vu de l’oeil de l’ignorant, il suffirait que le législateur fasse le ménage dans les multiples « labels » pour qu’on y voit plus clair. Pour l’instant, c’est l’opacité. Seuls quelques initiés, comme le vrai fromager peut éventuellement éduquer le consommateur. Reste qu’il faut regarder les étiquettes. Patiemment. En espérant déceler quelques fourberies dans l’étiquetage, trouble. En souhaitant ne jamais voir de gruyère fabriqué à Maison-Alfort ou de roquefort fait à Saint-Nazaire.

Olivier Gros