L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°42 Juin 2002

CARQUEIRANNE EST EN DEUIL !

Une demi-page dans Var Matin pour Stéphane Lelièvre ! Rien de moins ! Il faut bien ça pour ce « chef mythique », dixit le quotidien dans une de ses anciennes éditions. Et qu’apprenons-nous dans cette édition du 7 Mai 2002 ? Tout simplement que « les pins penchés », haut lieu de la gastronomie va fermer ses portes pour rouvrir au château de la Clapière au Cap Brun. De quoi bouleverser le lectorat de Var-Matin. Il y a des scoops comme ça qu’un quotidien se doit de ne pas manquer et surtout ne pas mégoter sur la surface et les photos pour être à la hauteur de l’événement. Quand on connaît le niveau culinaire de Stéphane Lelièvre, on peut immédiatement se poser la question : comment fait-il pour décrocher de tels avantages médiatiques ? De quels arguments disposent-ils pour mériter une demi-page dans l’unique quotidien varois ? Nous ne doutons plus qu’il doit avoir ses entrées mais il faut ramener les choses à leur juste proportion : il n’a même pas un macaron dans le « Miche » ! Et pourtant, le petit guide rouge n’est pas avare en matière de distribution. Quelquefois même à l’aveugle ! C’est dire si dans le landerneau des chefs qui comptent, il demeure une insignifiance. Il n’y a guère que Var-Matin et le guide des »Jeunes cuisiniers Européens » pour lui reconnaître un quelconque talent. Et le BAO, mais pour son savoir-faire en matière de médiatisation et une certaine adresse dans les affaires. Uniquement !

TEL UN DUCASSE REGIONAL

Le grand quotidien varois nous apprend également que le chef mythique quitte les fourneaux pour laisser la place à Claude Terrier, ex chef des « Santons » à Moustiers. C’est plutôt une bonne chose pour les clients du nouveau restaurant du Cap Brun mais entre nous, n’est-ce pas plutôt les fourneaux qui ont abandonné Stéphane Lelièvre ? Car les fourneaux, c’est comme une femme, au moins on s’en occupe au plus elle vous largue. Et pour notre ami de Carqueiranne, cela faisait belle lurette qu’il ne cuisinait plus, bien trop occupé à gérer ses multiples tentatives d’ouvertures d’établissements, tel un Ducasse régional, persuadé enfin que son seul talent résidait dans cette fuite en avant là. Dans la cocasserie mythique, y a encore plus fort. D’abord, Claude Terrier est un ancien étoilé du « Miche » du temps des Santons et ensuite, le concert de louanges des restaurateurs Au Toulonnais saluant l’arrivée en leur terre de ce grand restaurateur. Plus on est de fous, au plus on se gondole ai-je envie de dire ! « Sa venue va participer à dynamiser la ville », annonce Christian Scalisi, un de ses amis et propriétaire du très bon restaurant le « Jardin du sommelier ». Au « Sourd », la direction veut faire entendre sa voix par celle de Jean-Pierre Martelotto : « En plus, c’est vrai que l’on manque de bonnes tables à Toulon… et en même temps, c’est le signe que la ville redevient attirante pour la clientèle ». Là, il y a quelques non sens flagrants qui n’auront échappé à personne Comme surtout d’englober le Cap Brun dans la ville de Toulon et ensuite comment peut-on décréter par avance que ce sera une bonne table avant que ce soit ouvert. On sait d’ores et déjà que Stéphane Lelièvre possède une baguette magique et qu’il fait partie de la confrérie des « Maîtres Restaurateurs Varois » mais est-ce suffisant ? On a bien vu un 3 macarons se casser la gueule à Saint-Etienne. C’était pourtant autre chose question pointure et compétence. Et puis un certain Alain Audibert du « Gros ventre », lui, aurait plutôt tendance à dévoiler le pot aux roses en déclarant « …même si j’ai le sentiment qu’il entend se positionner sur le marché des groupes et des congrès. En terme de gastronomie, je ne le considère pas comme un rival ». Et pourtant « le gros ventre », en terme de gastronomie, ça ne va pas chercher bien loin. C’est dire ! On aurait donc voulu redorer le blason de Toulon avec un chef mythique qui ne cuisine plus, dans un lieu fastueux qui ne se trouve pas à Toulon et qui plus est, à vocation de repas de groupes. Désolé de vous le dire, amis lecteurs, mais au BAO, nous ne pouvons le croire.

Paul Bianco