L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°36 Déc 2000

C’EST ENCORE PLUS GRAVE POUR LA DEMOCRATIE

Les amateurs d’idées molles ont trouvé un subterfuge pour se faire de la trésorerie. Enfin, ils l’espèrent. Ils vont voir leur avocat pour en faire un émissaire auprès du BàO. Ils prétendent, les coquins, qu’ils se sont faits aligner tout simplement parce qu’ils n’ont pas voulu prendre un encart. Un encart de quoi, on se le demande. Les braves gens se sentant blessés dans leur amour propre et pis, ayant perdu de la clientèle à cause d’un guide imbécile et mercantile, s’estiment lésés financièrement et demandent réparation. Réparation financière, bien sûr ! A l’amiable, bien évidemment ! faut éviter les tribunaux ! ça mange du temps, de la notoriété et des sous ces officines pour nantis ! Alors, on encourage l’avocat à démontrer tout l’intérêt qu’il y aurait à toucher des dessous de table. Ni vu ni connu et on n’en parle plus. Simple non ! On annonce des coups à 100 000 f, 150 000 f même pour le manque à gagner ! Quelquefois on fait la démarche directement, ça économise même l’avocat. D’autres vont plus loin en parlant d’extorsion de fonds pour faire peur. On n’est pas loin de penser que ces gens tentent eux-mêmes l’extorsion de fonds. Ça ne coûte rien de tenter le coup. Y en a même qui prétendent avoir une clientèle de fidèles depuis très longtemps et dans le même mouvement nous envoient dans les cordes du tribunal de commerce de Cannes pour nous réclamer des sommes importantes pour avoir dit que le patron recevait mal le client, qu’il n’aimait pas les guides et que les guides le lui rendaient bien. Et que son dessert industriel avait tendance à s’éparpiller. Donc, il avait perdu beaucoup d’argent avec cette médisance indigne d’un guide. Comme si un guide qui se respecte ne pouvait plus émettre un avis. Dans le même temps il se dit intouchable, nous envoie la liste impressionnante et impressionnée des afficionados de son livre d’or et dans l’autre, notre notation négative qui lui a fait perdre beaucoup d’argent. En réalité, il cherche à en prendre un peu, enfin, un peu plus sur le dos du BàO. C’est simple ! Et de surcroît, cet homme là prétend que c’est parce qu’il n’a pas voulu prendre un encart ! encore un ! y a qu’à voir le nombre d’encarts qu’il y a dans notre guide pour réaliser qu’on n’est pas très doué pour faire craquer ces pauvres restaurateurs. En vérité, monsieur, vous êtes un de ces restaurateurs qui n’honorent pas votre profession et on est un des rares guides à l’avoir dit. Quant à vous proposer un encart, c’est tellement facile à dire quand on n’a aucune preuve concrète. Le seul reproche que vous pouvez nous faire, c’est d’exister et de faire un vrai boulot de guide. Et ça, vous ne pouvez pas le supporter, monsieur, du petit, très « petit provençal » de Mougins. Si on est condamné à vous donner 150 000 f pour avoir dit que dans votre établissement tout n’est pas parfait, c’est qu’en France il ne peut plus exister un guide critique. A chaque critique négative, il risque la mise à mort. C’est plutôt grave pour les lecteurs. C’est encore plus grave pour la démocratie.

Paul Bianco