L’ATELIER DE LA CHEFFE

L’Atelier de la Cheffe restaurant Salon-de-Provence – Dans la dernière pochette surprise d’une ville où les restaurants ne manquent pas, voici lui. Enfin elle, puisque Caroline Lienart est une cheffe. Cuisinière puis responsable pâtisserie chez La Dame de Pic (75) puis à la Maison Pic à Valence (26), et avant du côté de Londres au Connaught aux côtés d’Hélène Darroze. Autrement dit mes petits colibris, quelques étoiles Michelin en 3 adresses et encore j’en ignore beaucoup sur la discrète. Pour autant, n’allez pas imaginer ici des rideaux cousus de fils d’or, des sièges en cuir de hannetons albinos et du Richard Clayderman qui joue dans l’ascenseur. Ne tombez pas dans le piège, ne pas s’attendre à une cuisine pinailleuse qui se regarde le nombril, deux petits pois qui se battent en duel, des jus douteux, des épices à la mords-moi le curcuma, des volailles aux cuisses de moustique: vous seriez dépités.

Car si Caroline Lienart connait la musique de la gastronomie, elle a viré dans le gourmand audacieux, avec séduction et fraicheur. Sa technique sûre s’immisce dans des recettes malignes qui ne cherchent pas à épater le chaland, juste à le régaler. Chuis clair? Non? Entrées et desserts souvent à moins de 10€, plats suivant le marché et les opportunités de produits glanés, du frais saisonnier, viandes et volailles françaises. Aujourd’hui crémeux d’asperges vertes œuf coulant ou ceviche de daurade royale, Saint-Pierre sauce ail des ours, ravioles de canard aux épices… Et puis le midi en semaine un « menu à l’aveugle » à 32€ décliné en formule à 25€ si vous êtes pressés ou radins. Menu sous-titré « Pékin-Brest ». J’adore me faire prendre par la main, me laisser porter, être allégé de responsabilités quand on choisit pour moi. D’autant qu’en salle Margaux Mastriforti se renseigne sur vous! Vous aimez tout? Pas d’allergies? Bref! La mise en bouche donne le ton en m’aiguisant les crocs, tartelette chorizo et lard. 15/20. Entrée bouillon ramen cabillaud nacré, bonite confite, champignons noirs. Je pige le style de la cheffe. Belle présentation, la technique sûre éveille le désir, les textures, le mou et le croquant, herbacé et épicé. 16/20 les copains. Plat surprise: blanc de poulet aux crispees, wok de légumes soja. Bâtonnets de légumes cuits assaisonnés fin, mi-croquants. Dodu blanc de volaille pané aux crispies qui font crouich sous la dent. Jus dense qui vous décolle les faux-cils. 15,5/20. Voilà Brest! Riz au lait, poire confite, caramel beurre salé. On s’attend à ce qu’on voulait, on n’est pas déçu. Le sucre à pas de loup, délicatesse rondouillarde et équilibrée. Ah ben voui: la pâtisserie est un métier n’en déplaise aux cuisiniers tractopelle. 15,5/20.

Le service ne cache pas son intérêt pour les vins, conseil, sourire. Large déclinaison des flacons au verre et je vous dis un secret: Margaux est aussi pâtissière! Comme sa patronne! Un duo de radieuses vingtenaires exonérées de melon gros comme ça, à l’aise dans leur fin bistrot, cuisine ouverte. Vous allez vous régaler, vous reviendrez et puis vous recommencerez, comme une belle histoire sans faim.