L’ARGENTIN GRILL

L’Argentin Grill restaurant à Marseille – Vous l’observerez flegmatique pic en main, devant le feu de bois à câliner viandes et abats à la flamme. Antoine Prudent fait le contraire des autres. Et n’allez surtout pas croire qu’il s’agit d’un provocateur né doublé d’un inconscient épidermique. C’est même tout le contraire: un esprit libre, rationnel et posé, qui regarde, pense et agit. Ça fait la différence entre restaurateurs qui geignent vautrés dans le canapé et ceux qui ajustent les voiles quand le vent tourne, qui anticipent.

Tiens, par exemple. Il a bien pigé que les appétits viandards n’étaient pas tous identiques. Alors à sa carte, on trouve des plats calibrés 200 grammes, 300 grammes, 400 grammes et 500 grammes. Du moineau au tyrannosaure. Comme tu veux tu choises! Filet de bœuf ou entrecôte d’Argentine par exemple sont débités « minute ». Ça vous en bouche un coin hein? Et vous n’avez pas encore mangé! Bref! Midi ou soir mes mignons, on se régale comme des cochons. Menu complet du midi à 19€ décliné en formule, ou à la carte avec des bonus bienvenus: le midi choix de plats et entrées intégrées dans leurs tarifs. Avec Mauricette et son chapeau vert troqué pour une journée contre un considérable couvre-chef de meneur de troupeau de la pampa argentine, on tape dans les « poivrons à l’huile grillés » (et sans peau) à 14,5/20, une « anchoïade » tiède à 14/20, « haricots rouges et blancs façon l’Argentin » originalement cuisinés top secret… une savoureuse gourmandise finement épicée dopée au cholestérol! 14,5/20. La « terrine maison » vous secoue les grelots, pas trop sèche ni trop grasse: porc, foies de volaille, Porto. 15/20. Vous avez compté? Quatre entrées, et en portions généreuses. Nos plats: « tartare l’Argentin » pour elle. Aménagé avec une viande d’Argentine claire comme une charolaise en pleine forme, et de l’Armagnac dosé en finesse. Livré cerclé et condimenté, avec toutefois ce qu’il faut à côté pour ceux qui veulent que ça déborde: tabasco, ketchup vegan (je vous jure) et sauce Worcestershire. Les frites fraiches blondes et croustillantes sont un modèle du genre! Mauricette m’a regardé fixement avec ses gros yeux globuleux comme un lapin pris dans des phares en disant « c’est curieux, ces frites ont le gout inhabituel de pomme de terre ». Ce qui m’a bien fait rire les poils du dos. 22,50€… entrées comprises! Et 14,5/20. Et 15/20 comme l’an passé pour le miraculeux « rognon de veau » cuit entier. Au pic-feu, le patron à l’œil. Il fait comme pour lui, au quotidien, à chaque service. Purée moulinée beurre/crème qui reste au chaud dans son caquelon métallique. Ben ouai.

Un détail important. Comme beaucoup de détails dans le métier de restaurateur. 23€ le rognon ajusté de la cuisson… entrées comprises! Pour la bidoche, il s’agit peut-être de l’adresse la plus régulière et la plus sérieuse de la ville et autour. D’autant que le taulier n’en profite pas pour vous dégommer le rumsteck avec des tarifs à la mords-moi-le-magret. Et puis aussi, trouvez-moi un filet de bœuf de qualité à 35€ les 500 grammes! Pas la place pour vous décrire les mensurations de la cave à vins qui joue à l’international, mais vous ferez copain avec. Service impec’ de Krystel, présente sans stresser. On est « au restaurant », pas à Buffalo-Grill. Et puis pour le régime, les petits pois torréfiés au basilic et les haricots verts marinés à la Volvic, on verra ailleurs qu’ici, vous l’avez bien compris!