L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°116 Août 2021

PUDLOWSKI SE LÂCHE

QUESTION DE COHÉRENCE

Incroyable. Ouvrez grandes vos oreilles: critique gastronomique de la vieille école et blogueur attitré du sérail des grands chefs intouchables, Gilles Pudlowski* se fend d’une critique sur son blog datée du 17 juillet 2021 titrée « Saint-Tropez: la palme du plus mauvais accueil« **. Oui mes biens chers frères: Pudlo, le critique aux propos policés et à la posture de dandy qui boit du thé vert est déçu d’un établissement, en l’occurrence une cave à vins tropézienne. Et il l’écrit. Bon. C’est pas Le Bouche à Oreille non plus mais encore un effort et on applaudira.

Car pour l’occasion, il se prend une flopée de critiques de son papier en retour, critiques lisibles dans la page des commentaires des internautes, sous l’article concerné. Ça doit lui faire drôle à Pudlo, rompu qu’il est à l’exercice de la caresse de toques et des compliments à l’endroit d’adresses où il ne mange pas, ou si peu.

Nous-autres au Bouche à Oreille, on n’a pas boudé notre plaisir en lisant les commentaires sur le caviste tropézien visé, presque heureux de pouvoir partager la place de punching-ball de ceux osant critiquer un commerçant et qui se prennent un retour de manivelle après une critique saignante. Commentaires avec les poncifs des ignares habituels dont voici un extrait poilant signé du responsable de la cave: « Pour en revenir à votre article sur la cave Jeroboam, il me semble logique qu’en pleine saison un rendez-vous s’impose avant….vu que vous n’êtes pas Client, mais journaliste. Je pense que la moindre des politesses c’est de prévenir de sa visite et de demander si…éventuellement il était possible de prendre une photo ou faire un reportage ». Ben voyons! C’est un peu comme quand un chef nous serine après une critique négative de sa table « de quel droit? » et « vous êtes obligé de vous présenter ». Nous sommes obligés de rien sinon de rapporter ce qu’on a vu au lecteur et dire ce que l’on pense, sous l’angle du journalisme de regard. Journaliste qui paye son repas puisqu’il est client, du moins en ce qui nous concerne au Bouche à Oreille.

Pour en revenir à la critique de Pudlo, pas sûr du tout que son propos soit sincère. Nous ne sommes pas lecteurs assidus de sa prose habituellement sucrée, c’est en tout cas la 1ère fois à notre connaissance qu’il se lâche ainsi en 30 ans. Rareté qui amène à la question de sa crédibilité, et des motivations cachées d’un tel propos. Intraitable avec les petits, complaisant avec les grands: un classique des critiques à géométrie variable. Tout porte à le penser, surtout quand on lit les gâteries louangeuses coutumières dont il tartine la toque de ses « amis » cuisiniers dans son blog. Dont on connait pour certains le bancale avéré mais voilà, ce sont les limites d’un genre quand on ne mange pas. Et le lecteur? On s’en fout.

De notre côté depuis plus de 30 ans dans nos pérégrinations à tester « Les bonnes tables, les mauvaise et celles à éviter », on ne compte plus les restaurants épinglés avec nuance, du moyen laborieux au scandale indiscutable. Mais nous, on paye nos repas. On ne fait pas croire comme Pudlowski qu’on visite 1200 repas par an***! Et nous on n’a pas d’amis chefs avec qui on fait des selfies à paraitre sur Facebook ou Instagram ou le blog. Question de cohérence.

Olivier Gros

* https://www.le-bouche-a-oreille.com/os/un-noyau-dans-la-mayo-2/

** http://www.gillespudlowski.com/290077/produits/saint-tropez-la-palme-du-plus-mauvais-accueil

*** https://www.le-bouche-a-oreille.com/os/gilles-pudlowski-critique-gastro-comique/