L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°112 Oct 2019

LE RESTAURANT CAMPANILE

LES CAROTTES SONT CRUES

Les conseilleurs proclamés que sont les guides de restaurants institutionnels oublient pourtant d’aller se frotter aux autres latitudes que celles de la tambouille romantique. Alors que s’y bâfrent pourtant un nombre considérable de consommateurs au quotidien, les pauvres.

Vrai que les franchises et chaines de restaurants envoient rarement aux médias de la sauce un dossier de presse à recopier, ou alors aux pages saumon du Figaro ou aux Echos pour signaler un changement de dirigeant ou d’actionnaire. Et comme fort peu de « journalistes gastronomiques » ou assimilés mangent dans les établissements dont ils causent pourtant assidûment dans leur feuille de chou numérique ou pas, les lecteurs-consommateurs que nous sommes ne sont pas prêts de lire une critique d’un restaurant de l’hôtel Ibis, de l’hôtel Tulip, d’un Novotel ou d’un Campanile. Campanile appartenant depuis 2015 (comme Tulip) au groupe chinois JinJIang International.

On mange comment dans un Campanile en 2019? Mal. Un soir d’Août, il est tard. En prime d’une critique parue dans le numéro 111 de septembre 2019*, voici une photo qui résume la situation:

Certes des « produits frais » sont proposés au client, mais dans quel état? Frais de quand? Au toucher, les bâtonnets de carotte sont mous, desséchés. Ils attendent dans cette position probablement depuis plus de 15 jours, complètement carbonisés qu’ils sont par le froid d’un buffet à disposition du client. Plus elles restent, moins on les mange. Ça peut durer longtemps. Le plus considérable est qu’il ne viendrait pas à l’idée au responsable de l’établissement de faire l’inventaire de ce buffet, de dégager le vieillot périmé. Remarquez qu’il ne resterait pas grand-chose non plus: les charcuteries industrielles sont racornies par le froid, le sel ressort et fait des points blancs sur le jambon. Ou alors l’éventuel inspecteur pense peut-être que ces carottes sont fort convenables à la consommation.

Le plus gros coup au moral fut, tandis que je me débattais avec un bout de poulet, un couple de quinquas gros comme des baleines qui devant moi s’empiffraient de sauces disgracieuses et de charcuteries avachies. Il a dit bouche pleine: « ch’est bon ichi chéri hein? »

Olivier Gros


* https://www.le-bouche-a-oreille.com/resto/campanile-pont-de-larc-restaurant-aix-en-provence/