L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°82 Juin 2012

VAR-MATIN AUX ORDRES

REVOILÀ LELIÈVRE!

Revoilà Stéphane Lelièvre des Pins Penchés! Il s’est réveillé un beau matin, a bu son café en terrasse de son magnifique établissement du Cap Brun à Toulon. Après la première gorgée, il a regardé l’horizon, s’est frotté les yeux puis a levé ses bras au ciel en s’étirant. Il a dit: « bon allez les gars, j’y vais, je lance la machine ».

Le résultat ne se fera pas attendre! Var Matin fleuron de la presse locale du groupe Hersant fait une page entière à la gloire de notre non-gloire de restaurateur toulonnais: il va faire un hôtel 5 étoiles à côté de son restaurant. Ainsi, le lundi 7 mai 2012, le journaleux Laurent Amalric et le photographe Eric Estrade se sont déguisés en attachés de presse aux ordres d’un chef d’entreprise comme les autres, ou presque. Car lui ne paye pas sa publicité à Eurosud, régie publicitaire du groupe Hersant. Et ce, grâce aux largesses déontologiques du rédacteur en chef de Var Matin. Mais a-t-il des pressions pour se laisser aller à ce type de publi-rédactionnel?

Souvenez-vous! Dans le BàO 73 de septembre 2011, nous évoquions la recette du copinage pour faire monter la sauce du projet de son hôtel*. Déjà Var Matin par l’entremise de Marc Brunoy, préposé du rayon toques et sauces du journal. Et d’autres « articles » avant, et encore et encore! On ne les compte plus depuis toutes ces années! Comme dans le mensuel local Métropole (notamment financé par des pubs du Conseil général, nos impôts) et aussi justement, le mensuel du Conseil Général boiteaulettré (encore nos impôts).

Ce projet d’hôtel 5 étoiles est « parrainé » par « son ami » le français Alain Ducasse, patron du catalogue « Châteaux et Hôtels Collection » et accessoirement célèbre exilé fiscal à Monaco. Ôôôôh… Les banquiers ne pouvaient pas avoir de meilleur caution… intellectuelle! Je pourrais vous citer une demi-douzaine de petits patrons restaurateurs ayant sollicité leur banque pour les aider à aménager 3 chambres pour la clientèle au-dessus de leur salle à manger. Le banquier rigole encore de la saugrenue demande de son client: « moi? Vous prêter de l’argent? C’est une blague?.. ». Zont qu’à être l’ami de Ducasse ces crève-la-faim!

Et puis cette phrase sur « les guides » de Stéphane Lelièvre reprise par le pisse-copie de Var Matin: « mis à part le Michelin, j’envoie systématiquement leurs dossiers à la poubelle ». Le lecteur apprend pour l’occasion que le Michelin envoie aux restaurateurs des « dossiers ». Ah ben nous on croyait qu’il se pointait d’abord la truffe pour casser la croûte! Ben non! Il envoie le « dossier ». C’est vrai que tous ces restaurants à tester, on peut pas tous les faire… Ce que de notre côté nous savions déjà. Nous savions également que pour avoir la bénédiction suprême du guide rouge, il était infiniment avisé et d’une grande prudence d’être « ami » de Ducasse.

Cette phrase dédaigneuse de Lelièvre à l’égard des guides révèle l’état d’esprit de l’individu qu’on dit « sympathique ». Mais la sympathie n’est pas une vertu. Puisque lui-même s’autorise à critiquer implicitement « les guides », il acceptera sans barguigner que des critiques critiquent sa table, pour peu qu’ils y mangent. D’ailleurs, à 68€ le menu pour une « cuisine traditionnelle » selon les termes du Michelin, Stéphane Lelièvre n’est pas rancunier avec le guide rouge.

Olivier Gros


* lire ici dans le paragraphe « presse »

lelievre