L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°47 Sep 2003

Je croyais avoir tout entendu, tout lu, même la bible, mais ce n’était qu’un mirage. On n’a jamais tout lu ! Il me restait encore beaucoup à lire, le Coran, tout Stendhal et cette étrange interview de Bruno dans le magazine de Mercedès, distribué gratuitement. Une réponse m’a toutefois éberlué ! Pour ne pas dire intrigué. Avant d’aller plus loin, il faut que vous sachiez que Bruno, je le connais depuis l’âge de seize ans. Je connais son parcours par coeur. On ne peut pas imaginer plus grand communiquant ! Son carnet d’adresses de journalistes est affarant. Manque que le BAO et la boucle serait bouclée. J’apprends donc qu’il a abandonné sa carrière d’avocat parce qu’il ne voulait pas défendre les criminels. Faut préciser qu’un accusé de meurtre est chez Bruno coupable avant d’avoir été jugé ! La présomption d’innocence n’est pas dans la culture du chef de Lorgues ! Belle notion de la justice ! D’ailleurs, on se demande même pourquoi les juger ! Direct à la guillotine et ça désencombrerait les tribunaux et ferait faire de sérieuses économies. Tel individu a quelques charges qui pèsent sur lui et hop ! On n’en parle plus ! Bref ! Pourtant, je croyais connaître tout de la vie de Bruno mais il semblerait que j’ai manqué un épisode. Car pour abandonner une carrière, il faut d’abord l’avoir embrassée. S’il avait fait seulement quelques études de droit ! Admettons qu’il se soit laissé emporté par excès de romantisme en transformant quelques études escamotées en carrière. Ce qui est tout à fait possible ! deux, trois mois arrachés au calendrier et le tout est joué ! A 16 ans, il parcourait les routes de France avec moi. Après, il a fait l’agent immobilier comme on devient taxi. Et ce, jusqu’à un âge où en général on fait des études. Puis ce fut le grand virage de la gastronomie. L’arrivée par la petite porte dans le monde de l’omelette. Je sais, j’y étais. Je l’ai aidé à débrouissailler la maison de de sa grand mère qui deviendra le célébre restaurant « chez Bruno ». Alors où qu’il case sa carrière d’avocat le « Bruno des truffes » ? Celui qui utilise six tonnes de truffes par an. C’est encore lui qui le dit. Mais comment accorder du crédit à ses affirmations en galéjant aussi éhontément ? Et qu’en pense son entourage le plus proche, sa famille ? Ceux qui connaissent parfaitement son cursus ! A moins qu’il s’agisse simplement d’un effet de manche dont il est coutumier. Il lui faut en tout état de cause un sacré culot.

Paul Bianco