L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°38 Juin 2001

DUCASSE N’EST PAS CONTENT APRES LA PERTE DE SON ETOILE AU LOUIS XV

Alain Ducasse a de drôles de manières et l’art de cracher dans la soupe. Non content d’avoir tiré sa gloire et sa fortune du « petit livre rouge » dit « le miche » au BàO, il leur met un procès d’intention sur la couronne qui fait pas sympa dans le décor du « PAG » ou « paysage assommant des guides ». Cet homme là doit tout au « miche » et à la « SBM » ou « société des bains de mer ». Sans ces deux institutions, il serait simplement un obscur bon chef besogneux qui irait de cuisine en cuisine, déployant son savoir-faire avec beaucoup d’adresse mais sans la moindre notoriété, même pas celle de Bruno. Mais voilà, il a bénéficié de ce formidable tremplin qu’est la « SBM », le déchargeant de tout souci financier pour se consacrer totalement à son art, sous l’oeil bienveillant de « Naegelen », l’ex gourou du « miche », qui ne pouvait rien refuser à l’institution monégasque. La boucle était bouclée et le Alain était dans la bonne orbite. Il allait faire feu de tout bois et utiliser les médias et guides en tout genre.

ON N’EST JAMAIS SI BIEN SERVI QUE PAR SOI-MEME !

A partir de cette embellie du destin, l’homme allait changer de costume pour se travestir en businessman, remettant occasionnellement la toque pour les photographes, les guides nationaux et accumuler les ouvertures d’établissements en même temps que les étoiles. Passant de 3 étoiles au « Louis XV », alors qu’il n’était déjà plus en cuisine -merci Franck Cerruti-, à 6 étoiles après la reprise du restaurant de Joël Robuchon à Paris, l’homme n’a eu de cesse que de monter, créer, racheter des restaurants. Longtemps les médias ont annoncé bêtement : « le chef aux 6 étoiles », faisant fi de l’impossibilité matérielle d’être chef simultanément à Paris et à Monaco. Jusqu’au jour où l’Alain a perdu une étoile dans la cité princière. Là, on a commencé à parler du véritable chef, Franck Cerruti. Enfin ! il a fallu qu’on rétrograde pour s’apercevoir que l’homme aux 6 étoiles ne cuisinait plus depuis belle lurette. Et il a fallu que ce soit un anglais, Derekbrown, le successeur de Naegelen, l’homme lige du clan Ducasse and co, pour remettre un peu d’ordre dans les casseroles et leur hiérarchie. Et là, bien sûr, Ducasse n’est plus d’accord. Il l’a été tant qu’il était au zénith, mais plus lorsque de quelques paliers ont l’a remis à sa place. C’est lui qui dit pour se justifier : « comprennent-ils notre cuisine méditerranéenne si particulière ? Ont-ils notre approche ? Qu’ont-ils de précis à nous reprocher ? Sur quels plats ? Ils ne le disent pas ». Ils n’ent disaient pas plus lorsque le « Louis XV » avait ses 3 étoiles. Mais avec 3 étoiles, pas besoin d’explication. C’est tout de même extravagant qu’on soit d’accord avec un guide tant qu’on est encensé et qu’on crie à l’injustice lorsqu’on l’est moins. On conseille à Alain Ducasse de faire son propre guide et de s’attribuer 30 étoiles pour l’ensemble de ses établissements. On n’est jamais si bien servi que par soi-meme ! Il l’a bien fait avec son guide des hôtels (1) pour contrecarrer la chaîne de prestige « Relais et Châteaux », pourquoi pas faire un contre guide rouge où tous ses amis seraient couronnés sans retenue, avec lui au sommet bien sûr. Une sorte d’anti BàO en quelque sorte !

Paul Bianco


(1) Châteaux et Hôtels de France