L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°42 Mai 2002

Le Guide Rouge 2002, Michelin était son nom.

Aussi, ça faisait longtemps. Alors même qu’à nos yeux, certains restaurants bénéficient d’honneurs forts mérités dans les divines lignes de la Bible Rouge, comme « Le Sud » de Christophe Pétra au Lavandou ou le « Cyprien » de J.P. Lequien à Marseille, on continue d’être éberlué devant les absences guère sérieuses de chefs tels Dominique Frérard du « Sofitel », ou d’autres comme « le Florian » d’Armand Clary, pour ne parler que de Marseille. Eberlués nous sommes encore, quand on s’aperçoit que, hé ! oh ! le Miche ! ça va pas, non ? que Michel Mehdi et sa récente « Petite maison » de Cucuron viennent d’obtenir une étoile ! Car pour y avoir déjeuné, j’affirme que c’est franchement très en dessous du niveau supposé de la distinction suprême. Seulement voilà : peut-être devrions-nous parler plutôt de Michel Mehdi et de sa « little house of Cucuron » ! (do you speak english ?) Aaah ! Rumeur, quand tu nous tiens ! Car les mauvaises langues du milieu de la gastronomie n’hésitent pas à disserter sur le très proche entourage britannique de ce natif de Paris, qui passa même un temps par Bandol. Et de l’éventuelle influence qu’aurait ce même entourage sur le nouveau patron du Miche, le nom moins très britannique Derek Brown. Et puis aussi : depuis le temps que Michel Mehdi dirige l' »auberge de la Tour » à la Tour d’Aigues, comment se fait-il qu’il ne l’ait pas alpagué plus tôt son étoile, puisqu’il a un talent fou ? Mais ce cas d’étoile bizzaroïde est loin d’être isolé. Par exemple et pour y avoir mangé, la nouvelle « étoile » de mer Marseillaise « l’Epuisette » où nage le dévot Guillaume Sourrieu*, est tout aussi discutable ! Néanmoins, le chef cohabite avec un exceptionnel pâtissier, Guy Condrieu, retenez son nom ! Bref, le Miche a plutôt choisi son nouveau cheval phocéen sur des critères purement stratégiques ! Faut du Marseille, c’est à la mode. Itou le Gault-Millau avec « une table au Sud » sur le Vieux-Port ! Deux tables « image » pour les deux catalogues-guides respectifs : faut la vue mer, qui comme chacun sait est indispensable à la qualité d’assiette ! Problème : « the Red Baibeul » (do you speak english ?) se décrédibilise, entraînant dans sa chute les vrais méritants qui y figurent. De toutes façons, comme le précisait d’un air entendu à la télé l’autre jour** le sympathique chef multi-étoilé Roellinger, de Cancale à côté de St Malo : « arrivé à un certain âge, les images et les bons points, au bout d’un moment vous savez… « . Pour le lecteur du Miche c’est un peu pareil : l’incohérence au bout d’un moment, vous savez…

Olivier Gros


* « J’ai basé ma carrière sur le Guide Rouge », La Provence du 13 février 02.
**La Cinquième, Ripostes, dimanche 21 avril 02.