L'OS ET L'ARÊTE du Bouche à Oreille n°63 Juil 2007

LES HYPOCRISIES DES (TRÈS) GRANDES TOQUES

La cuisine est à la mode, télé, presse papier, Internet, radio, aucun support n’y échappe. En nous serinant sur un thème « loisir et culture », les médias distillent un véritable prêt à penser pour la cuisine. Ainsi, le monde de la gastronomie médiatisée se résume à Ducasse, Bocuse, Veyrat, Robuchon. Sans pour autant que le commun des mortels différencie le style de cuisine de chacun d’eux! Les médias alignent leurs trombines, développent le culte de leurs personnalités en même temps qu’ils squattent les plateaux télés et les rubriques gastro des magazines, « pigent » par ici, cachetonnent par là, conseillent par ici, cautionnent par là. En plus, on nous glisse l’idée dans un coin de l’inconscient comme quoi il faudrait que nous, citoyens-consommateurs, soyons redevables et fiers à l’égard des rois de la toque! Car c’est bigrement bon pour la balance du commerce extérieur et surtout l’image de la France! Il y a quand même des choses plus importantes que la cuisine non? Mais de cuisine s’agit-il bien en définitive? Imposture et mensonge: ces grands chefs proclamés représentants de la gastronomie française ne représentent qu’eux mêmes, c’est à dire leur business. A intervalles réguliers dans la presse, on nous serine comme s’il fallait exciter les cours de la Bourse que Ducasse « brasse 40 millions de chiffres d’affaires », Robuchon « 60 millions ». Peut-être « défendent-ils l’image de la France dans le monde » mais plus sûrement ils protègent l’intérêt de leur compte en banque! On les comprend, ils auraient tort de se gêner! Voyez-les participer aux Universités populaires du philosophe Michel Onfray qui a décliné son concept à la cuisine. Pour l’occasion, il aura réuni un parterre de grands cuisiniers, comme Veyrat. La Haute-Gastronomie pour le peuple, à la portée de tous, comme le prétend Michel Onfray. Qui entre parenthèses s’est associé pour la cause avec l’inénarrable critique Champérard. Comme caution à crédibilité pour la démarche, on a déjà fait mieux. Alors qui peut croire à ces balivernes? Dans ces universités où nos grandes toques vendent encore et toujours leur image? Relayées jusqu’à plus soif par les médias, friands d’impostures à la vérité! On ne s’étonnera bientôt plus un jour d’entendre que Veyrat, Bocuse, Robuchon sont des militants radicaux, qui sait? Si c’est bon pour leur image! Pourquoi pas! Alors pourquoi tant d’amertume bavarde? C’est qu’on aimerait lire ou entendre que ces gens là font du business, que c’est « la » motivation! Que les médiatiques chefs ne défendent que leurs intérêts financiers n’est vraiment pas un problème en soi! Mais qu’ils assument leur vision mercantile de la cuisine! C’est irritant de les voir se poser en exemple pour le pays, en icône, pendant que le cuisinier commun et sans-grade galère face aux problèmes qui s’accumulent.

Damien