LA CHARRUE AVANT LE BEURRE

Et ce projet de loi de Fernand Siré, député UMP des Pyrénées-Orientales qui vient d’être réélu à l’assemblée nationale? Le gars avait fait adopter un amendement rendant obligatoire l’affichage sur les cartes des restaurants des conditions d’élaboration des plats. Projet de loi adopté en première lecture à l’Assemblée Nationale et au Sénat, avant d’être transmis à l’Assemblée pour une seconde lecture: texte actuellement en instance. Quid de ce projet de loi? Vu que le Parti Socialiste avait critiqué à l’époque ce texte qu’il qualifiait de « fourre-tout », l’idée a toutes les chances d’être abandonnée au bord de la route.

M’enfin qu’on m’explique: pourquoi est-il si compliqué de faire inscrire sur les menus de nos chers établissements la notion de « frais » ou de « congelé » ou de « sous-vide »? Hein? Je vous le demande! Je n’ai qu’une petite partie de la réponse! Sûrement que ça en dérange quelques-uns! Et de tous les côtés! Notamment les industriels qui par la voix du « Syndigel » fin 2011 alertait le secrétaire d’Etat au tourisme Lefèbvre! Lisez cette prose corporatiste! Le lobbying, ya que ça de vrai! On murmure même que le fameux Ducasse qui commercialise notamment des gammes de produits « sous-vide » réchauffés dans les restaurants serait très actif pour que ce projet de loi tombe à l’eau. Chaude, ça va de soi.

En Italie, pays dont la légende veut qu’on considère ses ressortissants comme des traficoteurs viscéraux, la législation impose d’apposer sur les menus la qualité des produits depuis bon nombre d’années! Alors plutôt que d’attendre une loi en France, pourquoi les restaurateurs de bonne volonté ne s’appliqueraient-ils pas à eux-mêmes cette simple règle: afficher la qualité de leurs produits? Pour une fois, pourquoi ne pas mettre la charrue avant le beurre? Pas besoin de voter quoi que ce soit! Suffit de l’écrire sur sa carte sous les yeux du client! Par exemple, que les bénéficiaires du statut de « maitres-restaurateur » aient obligation de jouer la transparence et d’afficher ces fameuses « conditions d’élaboration des plats ». Certes: pas simple comme « prise de risque »… mais le client est pour! Qui ça? Le client? On ne va pas lui demander son avis quand même?

Olivier Gros